Ouvertures multidisciplinaires ... oeuvres et expérimentations artistiques.  

       

         

       

01/10/ 2010

                     

Création hors norme

   

Le danseur de Mina Feingold s’érige en  un pied de nez à la norme et au juste milieu. Son imposante stature, avec 7 mètres de hauteur, le positionne en monument, à tel point qu’il ne peut être exposé que qu’en deux parties dans les ateliers Christofle, les jambes de côté ! Coulisses du montage d’un derviche sculpté.

 

Madeleine Sounder

Photos: Monumenta, Mina Feingold Sculpture at Ateliers Christofle. Finalisé ci-dessus; en cours de travaux ci-dessous. DR.

    

L’art surgit dans les vies par des voies parfois plus qu’inattendues. Ainsi le film Camille Claudel (de Bruno Nuytten), a-t-il déclenché une prise de conscience assez aigue auprès de Mina Feingold pour changer le cours de sa vie : elle se consacre, dès le lendemain, à la sculpture ! Et, nous dit-elle simplement, « comme j’ai eu le malheur d’en vendre une… ! », les dés étaient joués. C’est actuellement aux Ateliers Christofle à Saint-Denis (93) que peut être vue, jusqu’au 30 octobre, partie de son œuvre, essentiellement des femmes nues. Mais surtout ce qui fait l’événement de Mina fait son Monumenta, est sa pièce unique, hors norme, son danseur. Echo de l’impulsion qui l’avait lancée, l’histoire de ce géant nous éclaire sur le virage pris par l’artiste, dont la conception semble liée à un principe de réaction. S’émouvant d’un reportage sur l'art philosophique des derviches tourneurs, leçon de tolérance qui se fonde sur l'idée de trouver son centre pour parvenir à un équilibre, elle tient à célébrer leur transe.

                    

Du modèle à l’œuvre

Un premier modèle est créé, qui tiendrait dans une main. Mais Mina voit grand, et parce qu’on lui a fait souvent remarquer qu’elle était un bout de femme, cela a déterminé les dimensions de son œuvre finale. Un élan qui en un peu moins de quatre mois de chantier, la propulse à sept mètres de hauteur, agrandissement de sa maquette initiale à 5.8, et qui se crée dans les lieux qui avaient abrité le montage de… la tour Eiffel ! La construction a été élevée de l’intérieur, sur  échafaudages. Vu du dessous, une armature en fil soutient un grillage sur lequel a été appliqué un plâtre avec moule silicone. Pour donner une échelle, la jupe seule se chiffre à quatre-vingt-neuf mètres carrés et l’ensemble pèse six tonnes. La sculpture est annoncée comme pouvant tourner, ce que nous n’avons pu observer, les pieds, pivots de sa dynamique,  y étaient lors de sa présentation singulièrement rendus indépendants. Depuis son vernissage, le 10 juin, nous guettons le prochain espace qui saura contenir ce danseur vers l’infini. Les visites se font sur rendez-vous, en contactant l’appart au numéro suivant : 01 44 55 04 70.

    

                   

                         

        

15/05/2010 

     

Lignes de mire

Laure Carsalade

        

Le CAM, Centre d'Art moderne de la Fondation Calouste Gulbenkian, présente dans son annexe parisienne jusqu'au 21 mai un exercice de style autour du fil conducteur. Commissaire d'exposition Leonor Nazaré.

       

Dessin habité, 1977, d'Helena Almeida. Photo DR. 

Littérale, géométrique, la ligne conduit l'œil en un fil à tisser, à écrire, à suivre dans tous ses états, continu ou discontinu, comme une allégorie de l'expérience du langage. Le visiteur se voit dès l'ouverture tirer le fil, curieusement de droite à gauche, d'une œuvre en neuf tableaux de 1977, Dessin habité d'Helena Almeida. Une proposition qui fait sourire par surprise, de l'interaction entre dessin crayonné, photographie de la main qui trace et matérialisation de la ligne par un crin de cheval que les doigts détachent de la toile. La dimension du corps surgit dans la traditionnelle deux dimensions pour faire apparaître l'espace. C'est le cas encore dans la pièce de 2005 Estension de Teresa Henriques, qui stylise à grande échelle le geste de l'écriture. A la manière d'une prothèse géante, le support sur pied métallique pointe une craie capable, à condition d'être dirigée de main d'homme, de produire trait ou texte. Le mot estension a été rédigé en portugais sur écran figurant une "tension" avec le verbe "être".

La Pyramide et le papier coupé, 1975, de Artur Rosa. Photo DR. 

Amplification de l'espace, la posture d'Artur Rosa de 1975 a opéré un passage du dessin à la sculpture dans sa Pyramide et le papier coupé. Une légèreté architecturale habite cette composition, depuis la feuille d'essais logarithmique jusqu'à sa traduction en objet métallique, une maquette qui déploie avec résistance la forme du triangle. Ce dernier se révèle en effet avec réserve, graduellement, papier fragile distribué par touche dans un mouvement de rotation. Cette synthèse que nous avons voulue en tryptique se fait l'écho de la nature de partition rythmique de l'exposition. Au-delà des inventions présentées ici, une extraction choisie par Leonor Nazaré, existe une collection qui compte plus de 8000 pièces conservées dans le fief de la Fondation à Lisbonne. L'étendue des scénarios qu'elle contient annonce un bel avenir à cette annexe.

Espace: Centre culturel Calouste Gulbenkian, 51 avenue d'Iéna, 75116 Paris. www.gulbenkian-paris.org

Estensão, 2005, de Teresa Henriques. Photo DR. 

 

    

25/04/2010

Le Monde, spectacle éclairé

 

Elda Forest

       

L'artiste Marc Ash pose un manifeste artistique contre la censure, imaginé dans un avion... décollage en douceur.

L'entrée au Monde n'est pas évidente, et nous évoquons ici spécifiquement le siège du magazine parisien! Que dit l'exposition que son hall d'entrée a naturellement abritée pour quelques heureux invités en mars, de retour quelques temps au mois d'avril, "Eclairer le Monde"? Imaginée et conçue par l'artiste français Marc Ash, il s'en explique lui-même avec simplicité. "Après un séjour de deux semaines à l'étranger sans accès à aucun journal, resté à l'écart de l'actualité en Europe, mon premier geste a été de prendre la presse à ma montée dans l'avion. Le Monde a été mon premier contact. Les nuages tout juste traversés, il s'est passé quelque chose: un rayon de soleil est venu éclairer la Une." De là est née l'idée de cette exposition qui viendrait, dépassant la sympathique anecdote, exprimer l'impossibilité de l'accès au savoir imposée à (voire souvent par) bien des états, les condamnations des défenseurs de la liberté de la presse. Les bottes de journaux enlacées comme une récolte champêtre témoignent en douceur de cet emprisonnement de la vérité quand des lueurs d'espoir marquent la résistance à l'interdit. Enfin des sculptures métalliques de silhouettes d'hommes (à gauche sur ces clichés) montrent encore la propension de la nature à puiser même des bribes de phrases sur des feuilles froissées tout ce qu'il peut y lire pour s'en nourrir et se préserver de l'ignorance. Le socle a été voulu respecteueux de l'environnement, c'est un sol de bambou du fabricant belge BambooTouch, partenaire avec Le Monde et Osram de l'événement.

Oeuvre de Marc Ash. Partenaires de l'événement Le Monde, Bamboo Touch. Photo DR. 

             

 

18/04/2010

 

Projections de bureau

Fulvio Bertocci

                        

Un court métrage de 15 minutes circule depuis fin 2008 dans les rencontres autour de l’aménagement de bureau, vu par exemple à Orgatec, à Cologne.

http://www.designonstage.com/resources/Film+Bureau_47.JPG Photos: DRTertiam. Realisateur: Mathieu Pradat.

 

http://www.designonstage.com/resources/Film+Bureau_53.JPG

Avec quelle intention le film court Si le bureau m'était conté a-t-il été monté ? Avec l'idée d'être diffusé à des professionnels de l’entreprise, services généraux notamment, pour leur offrir une vision de la relation à l’espace qui unit le maître d’ouvrage au maître d’œuvre. Cette fiction est née d’une rencontre entre un architecte également réalisateur, Mathieu Pradat, et un concepteur d’espace de travail, la société Tertiam qui en a assuré la production (production déléguée Alibaba). Cet objet de curiosité n’est ni un film institutionnel, au vu de sa liberté d’approche, ni une pièce didactique qui supporterait un message très net.

Ce court-métrage, en exposant une visite conjointe d’un bâtiment en cours de chantier avec une directrice des ressources humaines et l’architecte du projet, relève sans doute plus de l'oeuvre de référence. Car ce sont des visions de l’espace qui sont figurées, une sorte de théâtre filmé qui laisse place à l’imaginaire et à l’interprétation. Les employés de cette entreprise occupant, ou plutôt tentant de s’approprier cette installation, sont ici réduits au silence et font l’objet d’observations amusées ou grinçantes de la part de tous, spectateur inclus. C’est un trio de mimes qui joue de clichés mêlés de quelque réalité pour donner un rythme et un ton ambigu à la notion de qualité de vie au bureau : reflet historique, actuel ? Le débat n’est certes pas tranché.

Lien : http://silebureau-lefilm.com